ODE

ODE vient du grec ôdê ("chant") via le bas latin oda. Cet étymon se retrouve dans d'autres mots : épode, monodie, odologie, parodie, psalmodie, rhapsode.

L'ode est à l'origine un genre poétique de l'antiquité. C'était un "poème lyrique", c'est-à-dire destiné à être chanté et accompagné de musique. Dans leur contenu, les odes étaient écrites à la gloire des Dieux.

Un sous-type d'ode antique est appelée Ode triomphale : elle était destinée à rendre hommage et à glorifier les vainqueurs des Jeux.

Les auteurs antiques ont créé leur propre style, c'est pourquoi 3 types d'odes ont été retenus par la suite dans l'Histoire littéraire:

• l'ode pindarique, dans le style de Pindare. Elle était divisée en trois parties, les deux premières étant chantées sur la même mélodie et la troisième sur une autre mélodie :
  • la strophe
  • l'antistrophe
  • l'épode
Son style est très oratoire, c'est l'ode au style le plus élevé (selon la conception antique). L'ode pindarique utilise de nombreuses références à la mythologie, a recours à des sentences et à des périphrases. Ce type d'ode se caractérise aussi par ses nombreuses digressions.
• l'ode horacienne, dans le style d'Horace(auteur du fameux "carpe diem"). Son style est plus simple, teinté d'épicurisme. Il se caractérise par des effets de symétrie recherchée.
• l'ode anacréontique, dans le style d'Anacréon. Son style est encore plus bas, plus léger que celui de l'ode horacienne. Elle se caractérise par l'hétérométrie et son sujet plus familier, et par son recours à une mythologie plus légère, mettant en scène par exemple les amours de Vénus et de Cupidon.

A la Renaissance, c'est l'humaniste helléniste Jean Dorat (voir au milieu de la page internet du lien) qui a redécouvert l'ode. Il enseigna de 1554 à 1571 notamment au fameux collège Coqueret à Paris où passèrent Pierre de Ronsard, Du Bellay et Jean-Antoine Baïf. Ceux-ci découvrirent avec enthousiasme la poésie gréco-latine et décidèrent de s'en inspirer. Dans La Défense et illustration de la langue française, 1549, de Du Bellay (qui est le manifeste du groupe de poètes de La Pléiade), les genres gréco-latins sont à imiter pour donner ses lettres de noblesse à la langue française, encore sous domination latine. Les auteurs médiévaux espagnols et italiens sont aussi les modèles de ce jeune groupe français. Pour ces jeunes poètes de la Pléiade, il faut rejeter les "vieux" genres médiévaux tels que les rondeaux, les ballades, les virelais, les chants royaux et les chansons au profit des genres antiques tels que l'épigramme, l'élégie, l'ode, l'églogue, le sonnet.

C'est ainsi, par les poètes d'éducation humaniste, que l'ode est entrée dans la poésie française comme genre importé de l'antiquité. Les premiers poèmes écrits par Ronsard sont d'ailleurs des odes, écrites dès 1542, les premières en langue française : les livres I-IV de ses Odes sont publiés en 1550 et le Ve livre en 1552. Il privilégie les odes de style élevé, à la manière de Pindare et d'Horace. Au milieu du XVIe siècle, l'ode moderne est devenue, d'après Thomas Sébillet (Art poétique français), un «poème divisé en strophes semblables par le nombre et la mesure des vers».

Mais le genre le plus à la mode au XVIe siècle, et qui détrônera rapidement l'ode est bel et bien le sonnet à la manière de l'Italien Pétrarque (1304-1374) et de son Canzoniere ("Chansonnier").